Les femmes de science ne sont plus aujourd’hui invisibles. De nombreuses ressources existent, il suffit de passer un peu de temps à chercher pour trouver de nombreuses informations passionnantes sur des centaines de femmes scientifiques de toutes les époques et de tous les pays.
Ci-dessous une liste de ressources que j’ai utilisées pour faire mes 366 portraits.
La Science ce n’est pas juste des expériences, des questionnements, le travail en équipe ou l’accumulation de nouvelles connaissances. La Science c’est avant tout une aventure humaine et des rencontres. Rencontres d’Hommes et de Femmes passionnés et passionnants. Rencontres d’Hommes et de Femmes qui inconsciemment ou consciemment vous font voir les choses autrement, vous poussent à vous dépasser, vous inspirent et vous influencent durablement. La Science c’est aussi parfois des rencontres exceptionnelles. Des Hommes et des Femmes qui irradient la pièce à peine entrés sans que vous sachiez trop bien pourquoi, des Hommes et des Femmes avec qui vous vous sentez tout de suite à l’aise, qui respirent la bonté et la bienveillance. Des Hommes et des Femmes avec qui vous discutez 5 min, 1 heure, des soirées entières avec cette impression que vous sortez de la pièce bien plus intelligent que quand vous y êtes entré.
Dominique Stéhelin était de cette trempe. Un scientifique exceptionnel (il a co-découvert avec Bishop et Varmus l’origine cellulaire des oncogènes rétroviraux), brillant, charismatique, passionné et passionnant et un Homme bienveillant, simple, accessible et d’une gentillesse infinie. J’ai eu la chance et le plaisir de faire ma thèse dans son laboratoire à l’Institut de Biologie de Lille, un Institut crée en 1996 par lui avec le soutien du CNRS, de la région Nord-Pas de Calais et de l’Etat. Je ne travaillais pas directement avec Dominique mais j’ai eu bien sûr de nombreux échanges et réunions avec lui. Je me souviens d’un Homme qui vous mettait à l’aise tout de suite, faisant fi des barrières hiérarchiques, toujours disponible et à l’écoute avec un sourire malicieux et un regard perçant. Je me souviens de ses petits conseils toujours judicieux pour préparer un oral ou des soirées passées chez lui avec Martine ma tutrice de thèse, pour retravailler encore et encore les tournures de phrases du papier que nous étions en train d’écrire. Il était comme ça Dominique, perfectionniste et intransigeant mais généreux, toujours prêt à transmettre et à partager sa grande expérience. De très nombreux chercheurs français et étrangers ont été formés dans son laboratoire et ont par la suite fait de brillantes carrières. Il a été l’un des premiers à implanter la biologie moléculaire en France, il a fait rayonner la recherche Lilloise dans le monde entier. Nous avons tous quelque chose de Dominique au fond de nous, un formidable scientifique et un Homme profondément gentil qui a compté et influencé beaucoup d’entre nous, moi le premier.
Dominique a cherché passionnément toute sa vie pour sauver celles des autres. Pour poursuivre son rêve, sa famille a créé une page de collecte pour la Fondation pour la Recherche Médicale (FRM). Pour contribuer c’est ici.
Le président de la république a annoncé hier vouloir faire passer de 2,25% à 3% en 10 ans la part du PIB consacrée à la Recherche. Derrière ces chiffres se cache une réalité bien plus ambiguë. Petit tour d’horizon.
La stratégie de Lisbonne.
Le conseil européen de Lisbonne en mars 2000 avait fixé pour objectif de faire de l’union européenne ‘l’économie de la connaissance la plus dynamique et la plus compétitive du monde’. En conséquence, l’ensemble des dépenses en matière de R&D doit augmenter pour approcher 3% du PIB d’ici…….. 2010.
Force est de constater que l’intensité de R&D dans l’UE en 2010 atteignait difficilement 2%.
Europe 2020.
Oh ! qu’à cela ne tienne, ce fameux 3% devient maintenant un objectif pour ….. 2020. Quand on compare les chiffres entre l’Allemagne et la France, cela donne ça. L’Allemagne y est presque, quant à la France…..
France 2026.
L’objectif de 3% fait donc son 3ème come-back et devient une priorité pour la France dans les 10 ans, c’est-à-dire pour 2026. Comme l’indique le graphique ci-dessus, la tendance actuelle n’incite pas à un grand optimisme. Et puis 2,25%, 3%, ça vous parle à vous ? A moi pas vraiment.
Espèces sonnantes et trébuchantes.
En 2015 le PIB de la France était de 2180 milliards d’euros. 3% d’effort de recherche publique et privée correspond donc à un investissement de 65 milliards. C’est là que cela devient intéressant. En 2004 la France consacre 2,09% de son PIB à la R&D soit environ 35 Milliards. En 2014 on passe à 2,25% soit 48 milliards (source). Et donc objectif 3% en 2026 soit 65 milliards, ou encore + 17 milliards. Vous me direz on est bien passé de 35 à 48 milliards entre 2004 et 2014, donc 65 milliards pour 2026 reste un objectif réaliste…. à PIB constant. Pour rappel le PIB de la France (en euros courants) en 2004 était de 1710 Milliards (source). Imaginez un PIB pour 2026 de 2400 milliards, on passe alors à un effort de recherche de 72 Milliards soit cette fois + 24 milliards !
Qui veut gagner des milliards ?
La question est aujourd’hui de savoir qui va bénéficier de ces 17 ou 24 milliards supplémentaires ? Deux graphiques montrent la tendance actuelle (source). En 2012, la dépense intérieure de R&D des entreprises représente 1,44% du PIB dont le CIR à hauteur de 0,26% et les financements publics directs de 0,12%. L’augmentation spectaculaire de l’investissement des entreprises en R&D (1,27% en 2005 et 1,44% en 2012) suit étrangement l’augmentation constante du CIR.
Et si vous avez bien calculé, l’effort de recherche publique correspond donc à 0,78% du PIB, un effort constant depuis 10 ans (source).
Je suis le premier à me réjouir de l’exposition médiatique dont bénéficie enfin Emmanuelle Charpentier cette semaine en France pour la remise du prix L’Oréal Unesco ‘Pour les Femmes et la Science’. Une interview dans L’Express, un passage sur Canal Plus et sur France Inter par exemple.
Si nos pouvoirs publics ne doivent retenir qu’une chose, c’est que la technologie CRISPR/Cas9 qui est en train de bouleverser la biotechnologie et la médecine, est issue de la recherche purement fondamentale inspirée par la curiosité. Depuis plusieurs années, la recherche fondamentale est malmenée et beaucoup considèrent que ce type de recherche n’est pas rentable et coûte trop cher. C’est oublier un peu vite que la recherche fondamentale représente le socle sur lequel tout le reste est possible. La recherche fondamentale est par essence imprévisible en termes de résultats. Qui aurait pu prévoir il y a seulement 10-15 ans qu’étudier des séquences répétées d’ADN du génome des bactéries aboutirait à cette technologie révolutionnaire ? Personne !
Toute nouvelle coupe des financements destinés à la recherche fondamentale est une application de la recherche qui ne verra peut-être jamais le jour.
Ils finiront par comprendre que le temps de la recherche n’est pas le même que le temps des politiques.
Ils finiront par comprendre qu’il faut souvent 10-15-20 ans de recherche avant de pouvoir développer des applications.
Ils finiront par comprendre que sans 20 ans de recherche en microbiologie fondamentale sur les mécanismes de défense des bactéries contre les bactériophages, il n’y aurait pas de CRISPR Cas aujourd’hui et pas d’applications en thérapie génique.
Ils finiront par comprendre que sans 30 ans de recherche sur les mécanismes fondamentaux de la régulation des gènes, il n’y aurait pas aujourd’hui de cellules souches pluripotentes induites.
Ils finiront par comprendre que la recherche fondamentale est fondée sur la curiosité pure, la créativité, le hasard, qu’elle est le terreau nécessaire aux applications.
Ils finiront par comprendre que pour récolter, il faut semer chaque année et que l’on ne construit pas une maison sans fondation.
Ils finiront par comprendre que l’on ne peut pas décider à l’avance des résultats de la recherche.
Ils finiront par comprendre que la recherche est un bien public.
Ils finiront par comprendre que la privatisation de la recherche est une catastrophe.
Ils finiront par comprendre que dans R&D il y a développement ET Recherche et que sans la Recherche, il n’y a pas de développement.
Ils finiront par comprendre qu’avec des taux de sélection de 10% à l’ANR, cela devient une loterie et que la majorité des chercheurs se sent démotivé.
Ils finiront par comprendre qu’avec des taux de sélection de 10% à l’ANR se sont des centaines de jeunes chercheurs brillants à qui l’on ne donnera jamais la possibilité d’exploiter leur talent.
Ils finiront par comprendre qu’avec des taux de sélection de 10% à l’ANR se sont des dizaines de thématiques qui ne sont plus financées et tout un savoir-faire et une expertise qui sont en train de se perdre.
Ils finiront par comprendre qu’il n’y a pas de recherche appliquée mais uniquement des applications de la recherche.
Ils finiront par comprendre que l’excellence est l’objectif à atteindre, pas le critère pour sélectionner.
Ils finiront par comprendre tout cela mais il est déjà bien trop tard.
CRISPR. Le mot (enfin l’acronyme) est lâché. Si, en tant que biologiste, vous n’en n’avez jamais entendu parler, c’est que vous hibernez depuis 2 ans ou que vous êtes sur le terrain au fin fond de l’Amazonie à récolter des échantillons pour votre prochain papier.
Derrière cet acronyme un peu barbare (CRISPR pour ‘Clustured Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats’) se cache l’une des plus importantes révolutions technologiques que la biologie moléculaire a connu ces 40 dernières années, au même titre que le clonage ou la PCR.
Le principe : programmer une endonucléase bactérienne (protéine qui coupe l’ADN) appelée Cas9 avec des petits ARN non codants (qui agissent comme guide) pour permettre le clivage de manière spécifique à l’endroit désiré du génome. Grâce à ce nouvel outil de génie génétique, cibler n’importe quel gène dans une cellule pour le modifier devient presque un jeu d’enfant. Eteindre ou allumer l’expression d’un gène, le modifier, le réparer, l’enlever; tout est aujourd’hui possible.
Un bref historique
Et pourtant, la découverte initiale aurait pu rester totalement anecdotique. Mais elle est devenue un exemple formidable de ‘détournement’ d’une découverte scientifique dans un domaine (microbiologie) au profit d’un autre domaine (l’édition et la modification des génomes), avec des applications aujourd’hui presque illimitées.
Cette histoire commence donc en 1987 par une simple observation qui est restée longtemps confidentielle : la présence d’une région inhabituelle de 5 répétitions partiellement palindromiques dans le génome d’E. Coli à l’extrémité du gène de l’isozyme alkaline phosphatase (si vous ne savez pas à quoi sert cette enzyme, moi non plus !). Il faudra ensuite attendre 2002 pour que l’équipe de Léo Shouls aux Pays-Bas mette en évidence la présence de ces séquences dans la plupart des génomes bactériens. Et c’est aussi en 2002 que l’acronyme CRISPR deviendra définitif.
Mais à quoi peuvent bien servir ces séquences répétées me direz-vous ? Et bien les premiers éléments de réponse arrivent en 2005 et ce fut plutôt une surprise. Ces séquences des génomes bactériens étaient tout bonnement identiques à des séquences des génomes de bactériophages ! (Les bactériophages sont des virus qui n’infectent que les bactéries). Et de manière remarquable, les bactéries contenant ces séquences de phage étaient résistantes à ce même phage. En d’autres termes, en intégrant des fragments d’ADN étranger au sein de son propre chromosome, la bactérie acquiert une résistance à ce phage.
Comment ? Et bien une partie de la réponse a été apportée en 2007 par une équipe française travaillant pour Danisco, une société de l’industrie laitière qui cherchait à protéger la bactérie lactique Streptococcus thermophilus des attaques de bactériophages. Pour simplifier, quand le phage réinfecte la bactérie : (1) il est reconnu, (2) la bactérie exprime sous forme d’ARN ces séquences répétées CRISPR qui correspondent à des fragments du génome du phage, (3) ces crRNAs forment un complexe avec les protéines Cas (endonucléase) et (4) s’apparient avec l’ADN de phage pour le détruire. Une sorte de système immunitaire qui utilise l’ADN étranger et non pas le couple antigène/anticorps pour se défendre.
Femmes, Science et Cocorico !
Tout explose en 2012 avec ce papier publié dans Science par les équipes de Jennifer Doudna et Emmanuelle Charpentier. Ces 2 femmes aujourd’hui internationalement reconnues et lauréates de nombreux prix ont donc été les premières à démontrer que ce système immunitaire bactérien pouvait être reprogrammé à façon pour modifier n’importe quel gène de n’importe quel organisme.
Alors le mot est lancé : prix Nobel ! Oui je pense sincèrement que Jennifer Doudna et Emmanuelle Charpentier seront un jour récompensées du prix Nobel pour cette découverte.
Et pour la petite histoire Emmanuelle Charpentier est française !!! Expatriée depuis bien longtemps d’abord en Suède puis titulaire de l’une des plus prestigieuses chaires d’Allemagne, elle dirige aujourd’hui un centre de recherche Max Planck à Berlin.
Femme, française, prix Nobel. Ces mots vont plutôt bien ensemble vous ne trouvez pas ?
I recently wrote a review to celebrate the twentieth anniversary of the first Mediator complex EM reconstruction. This blog post is an update with clickable links (links to the papers and to the PDB/EMDB codes).
Le lundi 26 novembre, une équipe chinoise basée à Shenzen et dirigée par le Dr He Jiankui a annoncé la naissance de Lulu et Nana, les deux premiers bébés génétiquement modifiés à l’aide de la technologie CRISPR. Il a présenté brièvement ses travaux le mercredi 28 novembre au deuxième sommet international sur l’édition du génome humain qui a eu lieu à Hong Kong. Même si les informations restent fragmentaires et attendent la publication officielle d’un article scientifique évalué par les pairs, on en sait aujourd’hui un peu plus sur ces travaux sans précédent et très controversés.
En 2015, une équipe chinoise a testé l’efficacité et la spécificité de l’édition du génome par CRISPR dans des embryons humains non-viables. Cette première étude a révélé les limites actuelles de la technique dans la mesure où de nombreux embryons présentaient une structure mosaïque (les cellules du même embryon ne possèdent pas toutes la modification).
Puis en juillet 2017, l’équipe du Dr Mitalipov annonce avoir modifié avec succès des embryons humains pour corriger une mutation du gène MYBPC3 responsable de maladies du muscle cardiaque, les cardiomyopathies hypertrophiques. En accord avec la limite de 14 jours imposée à la recherche sur l’embryon humain, aucun embryon n’avait été autorisé à se développer plus que quelques jours et tous ont ensuite été détruits.
Ce qui aurait été fait par le Dr He Jiankui
Le Dr He Jiankui est allé beaucoup plus loin. Le choix s’est porté sur le gène CCR5, non pas pour corriger une mutation, mais pour créer un variant naturel appelé CCR5 Δ32, ce qui empêche le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) d’entrer dans les lymphocytes CD4 et donc de les infecter. C’est cette modification que les chercheurs ont mimée dans le génome des embryons pour les protéger d’une éventuelle infection par le VIH (les pères des huit couples impliqués dans l’étude sont tous séropositifs).
Diapositive présentée par le Dr He Jiankui le mercredi 28 novembre lors du deuxième sommet international sur l’édition du génome humain.
L’ARN guide sg4, qui contient l’information sur la séquence du génome à reconnaître, ciblant ∆32 CCR5 a d’abord été testé chez la souris, le singe et dans des lignées de cellules humaines en culture (HEK293) pour vérifier son efficacité et l’absence d’effet hors cible (off-target), c’est-à-dire une modification génétique à un endroit non souhaité. L’ARN guide a aussi été testé sur des embryons triploïdes (contenant 3 jeux complets de chromosomes) non-viables.
Au total, 31 embryons ont été obtenus par fécondation in vitro ; 9 n’ont pas été modifiés (allèle wild-type (WT), c’est-à-dire allèle sauvage d’origine) ; 22 (70 %) ont été édités et 2 embryons portant la version inopérante du gène CCR5 ont été réimplantés. Lors du sommet international sur l’édition du génome humain, le Dr He Jiankui a même évoqué l’existence d’une autre grossesse en cours et donc d’un 3e bébé.
Diapositive présentée par le Dr He Jiankui.
Le choix s’est porté sur l’embryon 1 pour Lulu et l’embryon 2 pour Nana. Chaque enfant hérite de deux copies (allèles) de chaque gène, une copie héritée de la mère et une copie héritée du père. Dans le cas de Lulu, une copie de CCR5 contient une insertion d’une paire de bases (+1 bp) et l’autre copie contient une délétion de 4 paires de bases (-4 bp). Elle est donc hétérozygote -4 bp/+1 bp. Nana est aussi hétérozygote car une seule copie de CCR5 a été modifiée et contient une délétion de 15 bp (-15 bp/WT).
Quand on regarde de près les données fournies par le Dr He Jiankui, c’est très inquiétant. Les séquences ne sont pas homogènes et suggèrent la présence d’un allèle sauvage toujours présent (chevauchement de 2 séquences différentes entourées en rouge dans la diapositive ci-dessous). L’existence d’un mosaïcisme cellulaire, qui fait que certaines cellules sont modifiées et d’autres non, est donc fort probable, ce qui pourrait être désastreux.
Diapositive présentée par le Dr He Jiankui.
La délétion de 15 bp est aussi très problématique puisqu’elle ne correspond pas à CCR5 Δ32. Cette délétion enlève 5 acides aminés de CCR5, ce qui peut toujours conduire à une protéine fonctionnelle et donc à des cellules toujours sensibles à l’infection par le VIH.
Enfin, le diagnostic génétique préimplantatoire (DPI ou PGD pour Preimplantation Genetic Diagnosis) de ces deux embryons indique l’existence d’un effet hors-cible (off-target) potentiel pour l’embryon 1 qui se trouve dans une région non codante du génome à 279 kb du premier gène répertorié dans cette région. L’équipe du Dr He Jiankui a considéré que cela était sans risque et a donc décidé de procéder à la réimplantation avec l’accord des parents.
Diapositive présentée par le Dr He Jiankui.
Après la naissance, ce hors-cible potentiel n’a pas été retrouvé dans le placenta ou le sang du cordon ombilical.
Diapositive présentée par le Dr He Jiankui.
Une condamnation unanime
L’ensemble de la communauté a condamné à juste titre très fermement ces travaux. En dehors même des problèmes éthiques que posent de telles recherches, il faut bien rappeler que la technique CRISPR, certes très efficace, n’est pas encore totalement fiable. Les effets hors-cibles et le risque de mosaïcisme des embryons sont loin d’être aujourd’hui résolus.
De plus, ces embryons étaient sains et ces travaux ne sont ni scientifiquement ni médicalement justifiés. La modification des cellules germinales (visant la reproduction et donc la transmission des caractères à la génération suivante) reste aujourd’hui problématique.
Toute modification implique des considérations éthiques qui exigent une parfaite maîtrise des conséquences avant toute utilisation. L’obtention du consentement des parents concernés a-t-elle été faite sérieusement ? Les parents ont-ils été bien informés des risques encourus et des conséquences qu’une telle expérience pouvait engendrer ? Un comité d’éthique a-t-il été consulté ? Les fillettes apprendront-elles un jour que leur génome a été modifié ?
Beaucoup de questions restent aujourd’hui sans réponse. Dans l’état actuel des connaissances et à la lecture des données expérimentales disponibles, sans parler des multiples questions éthiques, cette première tentative de modifier génétiquement des embryons est totalement irresponsable et injustifiée. Jamais ces embryons n’auraient dû être réimplantés ni les grossesses menées à terme.
Je remercie Gaëtan Burgio pour la relecture critique de cet article et pour son analyse des données expérimentales disponibles qui a orienté et inspiré mes propres réflexions.
Recently I started a Twitter thread highlighting a couple of seminal discoveries in molecular biology going back in the 40’s 50’s #classicpaper. I received many positive feedback and the thread was quite popular. I am of course very pleased but this was also quite unexpected. Unexpected because it’s classic textbook knowledge really, unexpected (but again a pleasant surprise) because I wrongly thought apparently that nobody anymore read old scientific papers.
I certainly did not read all these papers when I was a student but as I am getting older, I have a growing interest in the history of science. The birth of molecular biology is a fascinating golden period from the revelation of the double helix of DNA to the cracking of the genetic code and first glimpses of gene regulation. This thread was inspired by reading ‘She has her mother’s laugh’ by Carl Zimmer, ‘Life’s greatest secret’ by Matthew Cobb, ‘The eighth day of creation’ by Horace Judson, ‘Brave genius’ by Sean B Carroll and ‘Histoire de la Biologie Moléculaire’ by Michel Morange (that is going to be translated in English by Matthew Cobb).
I strongly encourage students to read these books and these seminal papers (unfortunately many of these seminal papers are still under paywall but you know what to do*). Again, this golden age of creative thought and hypothesis-driven research is such an inspiration. The strategies and methodologies created from scratch for almost each experiments, the concepts developed that are still true and central to modern biology, pure joy. As I sometimes said, if time travel was possible I would love to have lived in the 50’s-60’s to witness the birth of Molecular Biology and meet all these fantastic scientists.
1⃣ 1944 Oswald Avery, Colin MacLeod & Maclyn McCarty – DNA, not protein as was commonly believed, is the hereditary material for bacteria, and the cause of bacterial transformation.
2⃣ 1947 André Boivin & Roger Vendrely – a near forgotten 2 pages in French that suggest almost explicitly that DNA –> RNA –> protein.
3⃣ 1952 & 1953 Alexander Dounce – like Boivin & Vendrely, Dounce is one of the first to propose that DNA might serve as a template for the synthesis of RNA, which in turn serves as a template for the synthesis of proteins.
4⃣ 1952 Alfred Hershey & Martha Chase – They confirmed that DNA was the molecule of heredity a.k.a as the blender experiment. (However as Matthew Cobb told me, After the experiment, after the double helix, Hershey still thought protein played a role. See this recount for example).
6⃣ 1956 & 1958 Francis Crick – The Central Dogma: once ‘information’ is passed into protein it cannot get out again.
7⃣ To read a clear explanation of the 2 unrelated hypotheses ‘The Central Dogma’ and ‘DNA -> RNA -> Proteins’, have a look at Dan Graur blog post.
8⃣ 1958 Francis Crick – The adaptor hypothesis (in On protein Synthesis): to explain how information encoded in DNA is used to specify the amino acid sequence of proteins.
9⃣ 1958 Mahlon Hoagland – Discovery of the adaptors = soluble RNAs a.k.a. tRNA.
1⃣0⃣ 1957 Vernon Ingram – The first demonstration that the abnormal haemoglobin in sickle cell anaemia patients is caused by an alteration in one amino acid.
1⃣1⃣ 1958 Matthew Meselson and Franklin W. Stahl – experimental proof of Semi-Conservative DNA replication.
1⃣2⃣ 1959 Pardee, Jacob & Monod – The PaJaMo experiment that supported the hypothesis that a molecule mediated the production of proteins from DNA (cytoplasmic messenger).
1⃣3⃣ 1961 Jacob & Monod – The fundamental basis of gene regulation, one of the most influential paper in the history of modern biology (& I am not saying that because Jacob & Monod were French). And yes RNA was already proposed by Jacob and Monod in 1961 to control the operon.
1⃣5⃣ For an historical point of view of the discovery of mRNA, see also this great recount by Matthew Cobb.
1⃣6⃣ 1961 Marshall W. Nirenberg & J. Heinrich Matthaei – A poly-U RNA was translated into polyphenylalanine in a cell-free system. This experiment provided the initial clue to breaking the genetic code. See also the didicated NIH web site.
1⃣7⃣ 1961 Crick, Barnett, Brenner & Watts-Tobin – The existing knowledge in 1961 & the experimental procedures were certainly not sufficient to allow anyone to deduce the general nature of the genetic code but they nearly solved the riddle.
1⃣8⃣ 1965 Margarita Salas – The first experimental results indicating that the direction of reading of the genetic message is from the 5’ to the 3’ end (see also My scientific life by Margarita Salas in 2016).
2⃣0⃣ 1966 Francis Crick – The Wobble hypothesis. A visionary Crick again explains why multiple codons can code for a single amino acid.
2⃣1⃣ 1967 Brenner – The last of the 64-Triplet Genetic Code is cracked.
2⃣1⃣ bis 1964 Allfrey Faulkner Mirsky – Acetylation & methylation of histones & their possible role in the regulation of RNA synthesis.
2⃣2⃣ 1969 Britten & Davidson – Like the Monod & Jacob paper in 1961, a very influential paper on gene regulation. Their theory stated the hypothesis that repetitive non-coding sequences are at the core of genetic regulation.
2⃣3⃣ 1968 Karin Ippen-Ihler – Studies using the lac operon identified the promoter as a cis controlling element for gene transcription.
2⃣4⃣ 1969 Bob Roeder & William J. Rutter – the discovery of 3 chromatographically separable forms of eukaryotic RNA polymerase from sea urchin embryos (I, II and III).
2⃣5⃣ 1970 Kedinger, Gniazdowski, Mandel, Gissinger & Chambon – Pierre Chambon also isolated 2 activities from calf thymus, Pol A (Pol I) & Pol B (Pol II), of which only Pol B was inhibited by the Amanita toxin α-amanitin.
2⃣6⃣ 1974 Roger Kornberg – The organizing principle of the nucleosome, a histone octamer, and its mode of interaction with DNA. Here and here.
2⃣7⃣ 1975 P. Oudet, M. Gross-Bellard, & P. Chambon – The first electron microscopy of reconstituted histone–DNA complexes a.k.a. beads on a string.
I am often wondering how others are dealing with their unpublished data. Do you have a drawer full of unfinished projects which will never see the light of day? There are a number of drivers that may cause projects to be stopped before completion: Unfunded, priorities changes, data are not worth the additional energy to convert them into a publication, wrong hypothesis,……
Here is the story of a project I have abandoned.
When I came back in France after my post-doc (a long time ago), one of my project seeks to define the role of sumoylation (an ubiquitin-related post-translational modification) in controlling the functional properties of proteins focusing on the possible structural and dynamic consequences of this modification. Did sumoylation act as structurally independent docking module rather than through the induction of a conformational change in the modified protein?
One obvious target, at least for me, was the transcriptional co-repressor CtBP. It was my post-doc favorite protein and CtBP was known to be sumoylated (ref 1) within its unstructured C-terminal domain (ref 2).
To promote the recombinant expression of SUMOylated proteins in bacteria, we decided to transfer the complete set of enzymes essential for this post translational modification (E1 and E2 enzymes + SUMO-1) to E. coli based on previous work (ref 3). Separating the sumoylated protein from the undesired unmodified fraction (you seldom obtain 100% modification) is often technically challenging so we decided to introduce a 6xHis tag SUMO-1 (ref 4). This strategy did work for IĸBα (ref 4) but I have never been able to optimize the protocol for CtBP. We did obtain roughly 50% of modified and 50% of unmodified CtBP (see the figure below) but because CtBP dimerizes/multimerizes, the separation of the modified from the unmodified substrate in this case was unsuccessful (a single peak in gel filtration).
As the saying goes, every cloud has a silver lining. At the time, I was very positive thinking that the structural study was still possible and even more exciting if I could obtain the structure of a CtBP dimer, one unmodified monomer and one modified monomer. Ah, the foolishness of youth.
Frustration, Frustration
So it was time to set up crystallization screenings and we did obtain some exciting crystal ‘hits’. In crystallography, salt crystal is frustration, crystal optimization is frustration, and no diffraction is frustration. CtBP may have a high degree of structural instability in its C-terminus, one modified and one unmodified monomer may lead to sample heterogeneity, whatever but unfortunately NO diffraction. So after a couple of tries (additives, drop ratios, other conditions), I have finally abandoned this project.
Maybe I did not try hard enough, maybe one day someone will solve the structure of sumoylated CtBP or maybe one day, I will try again.
Eventually they will understand that there are no such things as applied science, only applications of science (Louis Pasteur).
Eventually they will understand that it takes 15-20 years for basic research evidence to reach clinical practice.
Eventually they will understand that it is impossible to predict what questions will actually find practical applications in the future.
Eventually they will understand that spending on Basic research now provides the raw material for the next generation of technological advances that fuel our economic growth.
Eventually they will understand that Basic research is the pacemaker of technological progress.
Eventually they will understand that Science is a public good.
Eventually they will understand that the power of CRISPR Cas9 –based genome editing is something nobody could have predicted at the outset.
Eventually they will understand that without more than 30 years of research about gene expression, Transcription factor-based cellular reprogramming would have never opened the way to converting somatic cells to a pluripotent state.
Eventually they will understand that accidental discoveries continue to flourish in basic research with direct consequences for everyday life.
Eventually they will understand that human curiosity, creativity and inquisitiveness are the driving forces behind basic research.
Eventually they will understand that excellence should be the goal of funding, not a barrier to it (Mike Galsworthy).
Eventually they will understand that if you can accurately predict outcome, what you are doing is not research, it is development (Jim Woodgett).
Eventually they will understand that with funding rate for NSF/NIH/NHMRC/CIHR/ANR/…. less than 15%, very talented junior scientists will be leaving research.
Eventually they will understand that with funding rate for NSF/NIH/NHMRC/CIHR/ANR/…. less than 15%, basic research will suffer from the loss of knowledge and expertise.
Eventually they will understand but it is already too late.